Cher ami du Vin, Nous avons connu un hiver bizarre, avec, parfois, en Janvier et en Février, des températures de 20° le jour et 6° la nuit; le climat de 2024 a continué dans le registre de l’incohérence avec un printemps humide, agrémenté d’orages et de grêle suivi d’un été plutôt frais, humide et pluvieux de façon continue. En juillet, nous avons connu des journées (nombreuses) souvent orageuses et fraîches, agrémentées de grêle entre lesquelles s’intercalaient quelques très rares et courtes périodes de véritable canicule de 39° à 42° suivies de nuits à 25°… Bref un temps sous lequel mon jardin s’interroge ! Cela semble très bien convenir aux ronces, qui poussent de façon foudroyante, notamment dans les haies, qui par ailleurs perdent leurs feuilles, mais convient beaucoup moins aux rosiers dont les floraisons sont hésitantes et qui ont parfois été malades de marsonia, ainsi qu’aux tomates qui ne savent plus sur quel pied danser. Tout cela me tracasse, alors que la récolte des raisins n’est pas encore bien assurée. D’où l’idée de demander leur avis à quelques vignerons connus pour leur franchise sur la façon dont se présente, à la mi-août, leur récolte 2024, quand ils pensent vendanger et quels volumes ils attendent. |
Voici leurs réponses : Dne Cheysson à Chiroubles (Beaujolais) Jean Pierre Large : Il ne faut pas rêver, les volumes seront inférieurs à 2022 et 2023 sans doute de moins 30 %. On a manqué d’ensoleillement; heureusement, dans les monts du Beaujolais le mildiou n’a pas trop sévi. Il y a 3 à 5 grappes par pied de vigne, leur qualité dépendra du temps à partir de maintenant. On devrait vendanger en blanc vers le 12 septembre et en rouge presque en même temps sans doute vers le 20 septembre. Tout dépend des 3 à 4 semaines à venir. Combier à Crozes Hermitage (Rhône) Laurent Combier : Millésime pénible ! Il fallait surveiller les vignes dès le début de l’année ! Vous savez, nous, on est des paysans, ici, on est dans les vignes tous les jours ; sinon, cette année, on l’aurait payé cash ! On va vers une petite récolte d’environ 35 Hl/ha qui devrait se ramasser vers le 15/09. Je pense que nos syrahs seront belles en septembre ; bref c’est plutôt bien.Ch Villars à Fronsac (Gironde)Thierry Gaudrie : le climat de 2024 ne nous a pas été très favorable d’avril à juin. On a connu la pluie et le froid et, par parcelles, on a perdu un tiers des raisins à cause de la grêle et du gel… le 18 juin ! Cela sent l’année moyenne, assez tardive, avec des vendanges vers fin 09/début 10. Je ne serais pas surpris d’avoir une demi récolte. En travaillant bien, on pourra faire un bon millésime mais en petits volumes. Cela ne sera pas au niveau de 2022/2023 qui étaient vraiment somptueux. D’autres échos que j’ai pu recueillir dans les régions à la mi-août 2024 En Champagne, les gelées de printemps et la grêle sont responsables d’une perte sensible de production aggravée par le mildiou, dû à une forte pluviométrie avec un déficit de fécondation des fleurs; la production sera en baisse par rapport à 2023. En Val de Loire, comme ailleurs forte pression du mildiou, particulièrement en agriculture biologique. La coulure, conséquence d’une floraison dans des conditions froides et humides, est notable. Un retard de 10 jours est relevé pour les vendanges par rapport à 2023. La production viticole devrait baisser par rapport à la moyenne quinquennale. En Corse, de meilleures nouvelles : bien que l’état sanitaire soit bon dans l’Île de Beauté, c’est la sécheresse qui devrait limiter la production, plus faible qu’en 2023, mais en hausse par rapport à la moyenne quinquennale. En Alsace, le mildiou devrait entraîner des pertes sensibles. La floraison a été ralentie par une météo humide et fraiche, retardant les vendanges d’une semaine par rapport à 2023. La production attendue est en baisse. En Gironde, de nombreux orages ( j’en entends un, violent, au moment où je rédige ces notes, en ce 16 Août) font craindre le pire à 1 mois des vendanges, c.a.d. la grêle. NB: On sait que l’ensemble de la production des vins de Bordeaux a déjà subi cette année une baisse sensible en volumes de plus de 8 % en raison de l’arrachage légal de 8.000 Ha de vignes ce qui meurtrit le cœur de nombreux vignerons. Bachiquement et amicalement J-Ch Estève |
Pour finir par un sourire, voici une sage citation, attribuée au Père Jean Sirmond, Jésuite et confesseur du Roi de France Louis XIII : « Si ene commemini, causæ sunt quinque bibendi; hospitis adventus, præsens sitis, atque futura, aut vini bonitas, aut quælibet altera causa »,Soit, approximativement, pour ceux qui ne seraient pas familiers du Latin:« Si tu te souviens bien, il existe cinq bonnes raisons de boire : l’arrivée d’un hôte, la soif présente et à venir, le bon goût du vin et n’importe quelle autre raison. |