2022, millésime du siècle ?

Cher ami du Vin 
Le moins que l’on puisse dire est que ce millésime 2022, à Bordeaux, naît avec une cuillère d’argent  dans la bouche, si l’on en croit l’ensemble des pros qui ont commencé à partager leurs dégustations en Primeurs…. Les premiers commentaires sont absolument dithyrambiques !  Ce genre du louanges extrêmes peut paraître à priori suspect de « promotion », et elles me font toujours un peu douter de leur sincérité, car actuellement le marché aurait vraiment besoin ‘un grand millésime pour être réconforté
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On sort en effet d’années compliquées, marquées, pour le vécu du public, par le choc du COVID, qui a tout bouleversé, et durant lesquelles rien n’a été épargné à la viticulture : hivers sans froid,suivis de gels terribles au printemps, temps médiocre sur la floraison,  grêles aux grains gros comms des œufs de caille, maladies de la vigne fréquentes et difficiles à combattre alors que le vignoble se convertit à grands pas à la viticulture BIO….  D’où des récoltes réduites en volumes, un marché des vins en perte de vitesse, notamment à Bordeaux, entraînant des arrachages de vignes, ce qui arrache aussi le coeur du vigneron, mouvements de grèves, inflation, …celà  motiverait après tout l’annonce, très promotionnelle,  d’un  nouveau millésime à venir de très grande pointure!Et voici que nous arrive une année 2022 au climat inhabituel,  avec de fortes chaleurs, voire même parfois des canicules,  et de la sècheresse; on pouvait craindre des vignes en souffrance, des récoltes de maturité excessives,  des vins au mieux flatteurs comme ceux de l’année 2003, mais par contre très alcooleux…et de garde très moyenne. Qu’en est-il donc?La vigne, plante méditerranéenne, originaire de pays très chauds, a mieux vécu ce climat exotique qu’on  le supposait;  les grands terroirs,  qui ont des réserves d’eau souterraines accessibles aux très longues racines des ceps, s’en sont bien sortis:  le château Grand Corbin Despagne, GCC de St Emilion, a constaté que sur les 164 964 pieds de la propriété seuls une centaine de jeunes vignes ont connu du stress hydrique, perdant leurs feuilles….ce qui est insignifiant. 
Dès les premières dégustations de ces 2022 aux cuves, tout le monde est resté très étonné! En témoigne ce qu’écrit ce mois-ci un dégustateur professionnel réputé de Bordeaux, Jean Marc Quarin (Quarin.com) Bordeaux Primeurs 2022 : le moelleux du 1959, la puissance tannique du 1961. Oubliez le 2003, oubliez le 1982 !….. ….Depuis plusieurs jours, je cherche à résumer la hiérarchie de mes sensations pour vous alerter sur ce qui se passe dans les verres. Au début un doute apparaît, puis les mêmes sensations se répètent inlassablement ! Je l’avais remarqué dès octobre en goûtant les premiers lots, poussé par ce que j’avais vu de la belle tenue des vignes. Mais  je n’imaginais pas des résultats aussi grands. Aujourd’hui toutes les références connues sont dépassées. Sans explication logique ou scientifique devant la provenance d’une telle qualité, beaucoup reconnaissent humblement leur désarroi. Où la vigne a-t-elle été chercher tout ça dans de telles conditions climatiques ? ……Ma recommandation est simple », conclut- Jean Marc Quarin ; « il faut tout acheter, et le plus vite possible «  !
Hé bien, désormais, à Sovinat, nous rejoignons absolument cette description qui n’a rien d’excessif.
Nous commençons à nous faire une idée…admirative du millésime 2022 au fil de nos premières dégustations en Primeurs: il y a dans les chais de pures merveilles, des 2022 à l’équilibre magique, promis à un grand avenir. Naturellement il nous arrive de rencontrer parfois, cà et là, comme toujours, des bouteilles moins réussies, chez des producteurs mal inspirés;  mais dans les châteaux que nous vous recommandons régulièrement en Primeurs depuis une petite quarantaine d’années, ce millésime restera pour lontemps comme une réussite historique.